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Câlins

Pour une fois, j'avais l'alibi en béton : Une formation à quelques encablures du pays de Lolita. Un stage de requalification tellement loin de mon domicile que je ne pouvais pas faire autrement que de partir la veille et réserver une chambre d'hôtel pour être sur place dès l'aube, paré à bucher.

Alors oui, je me suis enflammé. J'ai espéré pouvoir partager mon lit toute cette nuit avec Lolita, mais l'alibi était bien plus compliqué à mettre en place de son côté. Une fin d'après-midi, un diner et une soirée s'annonçait donc sous les meilleurs hospices.


Certes, Lolita n'était pas au meilleure de sa forme après deux semaines éprouvantes moralement et physiquement. Des soucis familiaux, professionnels, et une ambiance morose à la maison. De mon côté, depuis 24 heures, c'est l'état grippal qui me titillait et je n'hésitais pas à me bourrer d'anti-douleurs et d'anti-inflammatoires pour me doper et arriver dans un état convenable devant Ma Chérie.


Vendredi, 13H45, je prenais le volant l'esprit léger. Je me sentais vraiment libre et ça devait le rester jusqu'au lendemain soir. Deux heures plus tard, je me garais au point de rendez-vous que Lolita m'avait indiqué, et je lui envoyais un message pour lui dire que je l'attendais. Elle pouvait alors quitter son bureau. Je m'en félicitais, il n'est pas rare qu'elle soit obligée de rester bien plus que ce qu'elle ne devrait pour terminer de traiter un dossier ou même aider une de ses collègues à boucler les siens.


Je ne l'ai pas vu arriver sur le parking, je l'ai senti. J'avais les yeux sur mon téléphone, et d'un coup ; une onde, une symbiose. J’ai levé les yeux et je l'ai vue serrer son frein à main. J'ai parcouru les quelques mètres qui nous séparaient lorsqu'elle m'est apparue, jupe noire serrés aux genoux, petit chemisier et veste noire avec une grosse écharpe pour la protéger du froid.

Je m'attendais à la voir le visage plus marqué, même si rapidement elle m'annonçait être énervée. Une énième mauvaise nouvelle émanant de son service qui venait de la contrarier. Bref, pour Lolita, ces derniers temps, rien n'est vraiment facile. Et pourtant elle a toujours cette petite flamme dans ses yeux, qui réchauffe les cœurs, qui donne de l'énergie quand on croise son regard.

Elle m'avouait cependant que ce long moment d'intimité que nous nous apprêtions à passer ensemble allait être réparateur, et qu'elle se languissait des câlins que nous allions partager.

L'idée me convenait plutôt bien. J'avais le cerveau dans une espèce de brouillard depuis une journée, et j'avais comme l'impression que si Lolita m'en avait demandé plus, il est fort probable que mon corps aurait pu me jouer des tours comme il m'en avait joué lors de notre dernière rencontre.

Pour faire court, on avait tous les deux besoin de câlins, de réconfort, de recharger nos batteries émotionnelles, physiques, psychiques... Et on ne s’est pas fait prier pour se faire du bien, dans tous les sens du terme.


L'hôtel était derrière moi. En 10 minutes, nous étions dans la chambre à profiter du chauffage. Nous sommes restés bien plus longtemps que d'habitude habillés, même si déjà allongés sur le lit. Lolita est venue s'allonger sur moi, et pendant que nos lèvres se mangeaient, que nos langues se mélangeaient, je sentais son bassin s'appuyer de plus en plus fermement sur mon bas-ventre.

Je me suis relevé aux pieds du lit puis j'ai commencé à l'effeuiller sans cesser de la caresser. Elle s'est retrouvée nue sur la couette, je portais encore mon pantalon, mes chaussures mes chaussettes.


J'étais encore dans mon scénario. Mais c'est à ce même instant précisément que j'en suis sorti. Comme toujours.

J'avais prévu de lui bander les yeux. De lui attacher les poignets aux chevilles en position de levrette. De l’immobiliser dans mon film étirable. De l'équiper de son sex-toy connecté et de jouer quelques minutes avec. Je pensais lui lécher l'entrecuisse, puis l'oignon. Faire usage de mon chapelet "fabrication-maison" en prenant bien soin de ne pas lui pincer le moindre interstice. J'aurais joué de son corps de mes mains le parcourant... Allez savoir jusqu’où j’aurais pu aller dans la perversité et la luxure si Lolita et moi n’avions pas eu surtout besoin ce vendredi soir, d’affection, de tendresse et d’amour.





Câlins. Sans nous le dire, nous étions sur la même longueur d’onde. Et tous nos gadgets, nos liens, nos sangles, nos pinces, nos jouets sont restés bien sagement dans nos sacs. Pourtant, même moi j'avais rechargé mon stimulateur prostatique. Je sais que Lolita aimerait bien jouer avec.


Vers 18H00, j'ai envoyé un message à ma femme, histoire de la dissuader de m'appeler au téléphone : "j'ai rencontré d'autres participants à la formation, on va boire un verre et diner et je me couche de bonne heure". Tu parles, je suis rentré à minuit les cacahuètes à sec !


On s'est donc aimé une première fois. Sur la couette. Les fois suivantes l'ont été dessous. Et vous voulez que je vous dise ? J'ai adoré ça !

Que s'est-il passé sous cette couette alors ? Des papouilles, des jeux, de la complicité, des rires, des pincements, des morsures, des coups de langues, des doigts qui s’entrecroisent, des mots doux, parfois plus crus peut-être. Des respirations, des cœurs qui s’emballent, un sexe qui part à la rencontre de l’autre. Des sons liquides, des gémissements, des corps qui se cabrent et des draps qui se mouillent. Il y avait un peu de tout ça.


J'ai adoré ce moment où c'était calme, où nous étions en pleine discussion, et où - à la demie surprise de Lolita allongée sur le ventre - j'ai plongé sous les draps pour venir lui mordre les fesses. Puis y glisser ma langue. Lui déguster l'interdit avec l'idée d'aller plus loin. Mais non, "câlins" on a dit ce soir ! Alors je l'ai "Crabouillée". Pas avare non plus, elle m'a réservé la petite surprise de garder un genou plié vers l'extérieur tout en continuant de me tendre son cul. C'était divin.


Entre deux coups de feu, nous avons pris notre temps, blottis, collés l'un à l'autre, sans cesser de nous caresser. Jusqu'au moment où j'ai commencé à avoir faim. Et quand j'ai faim et que ce n'est pas l'heure de manger, je refais l'amour.


J'ai essayé de l'expliquer à Lolita à un moment. Je ne saurais expliquer, alors que mon état de santé était patraque ce vendredi soir ; pourquoi je n'ai pas eu de panne d'érection, alors qu'en pleine possession de mes moyens il m’est arrivé de débander. Nous en sommes convenus qu'il n'y a pas de règle, et que surtout je ne dois pas en faire une idée fixe. C'est le cas il me semble, même si j'ai besoin d'en parler. De toute façon depuis toujours avec lolita on se dit tout. Nos soucis, nos fantasmes, nos pensées, nos analyses. C'est tellement plus simple lorsque l'on sait ce que l'autre pense ouvertement, sans crainte du jugement.


Nous étions au lit depuis quatre heures. Et sous les bons conseils de Lolita, j'avais réservé un restaurant où elle n'avait jamais mis les pieds en désespoir de cause. Une adresse où se dégustent des spécialités de la mer. Après une courte douche, nous nous y sommes rendus en voiture alors que nous aurions très bien pu y aller à pied. Un truc que je regrette. Mon petit côté "écolo" certainement, mais surtout j'adore marcher aux côtés de Lolita, entendre les talons de ses escarpins qui claquent le bitume, la sentir se blottir contre moi pour affronter le froid.

On s'est régalé. Passées les premières minutes d'incertitude lorsque nous sommes rentrés dans l'établissement en nous demandant si nous allions croiser des connaissances (j'en ai aussi de côté du pays de Lolita), nous nous sommes retrouvés tête à tête pour un diner en amoureux. Quelques minutes plus tard, le repas était servi et Lolita et moi étions aux anges.

Elle avait suggéré lorsque nous étions encore à l’hôtel de porter ses boules de geisha durant ce repas. Aurait-elle autant profité de ce succulent menu si elle les avait portées ? En tout cas, je crois qu'il n'y a pas que moi qui n'arrive pas à respecter mon scénario.


J'ai eu un petit peu peur quand nous sommes retournés à l'hôtel. Sur le parking à proximité, des jeunes étaient en train de picoler autour de leur véhicule. En une fraction de seconde, j'ai estimé le risque que l'un d'entre eux fasse une réflexion déplacée à l'encontre de Lolita, et ma conduite à tenir en pareil cas : Réagir et risquer le pugilat alors que je ne suis pas censé être là ? Ignorer l'outrage, la provocation et passer pour un pleutre ?

Heureusement, il ne s'est rien passé. Peut-être n'étaient-ils pas assez alcoolisés. Nous avons pu rejoindre notre chambre tranquillement, nos estomacs bien remplis alors que nous avions vraiment pris tout notre temps pour déguster ce menu d'anthologie.


À mon grand désarroi, j'étais fatigué. Lolita aussi semblait se contenter d'un nouveau câlin sur le lit. C'est à cet instant que je me suis dit : "Si elle avait pu se libérer pour la nuit, j'aurais pu dormir quelques minutes, peut-être une heure ou deux, puis la réveiller de mes caresses sans qu'elle ne me donne un coup de pied pour que je la laisse dormir. J’aurais pu aussi juste dormir contre elle. Ma peau contre la sienne, c’est un élément nouveau dans ma propre perception de l’autre. Avec Lolita je suis devenu tactile.


Je ne saurais dire combien de temps nous avons laissé passer avant de nous décider de nous séparer. Lolita devait donc rentrer, et moi je devais encore parcourir une cinquantaine de kilomètres pour rejoindre mon stage de requalification.

Nous avons quitté l'hôtel. Le parking était désert, plus de fêtards. J'embrassais Lolita avec une option pour la retrouver le lendemain en fonction des évènements de chacun. Mais une petite fenêtre temporelle semblait pouvoir s'ouvrir pour un café commun en milieu d'après-midi ce samedi.

Et je rejoignais mon hôtel.


Samedi, dès 14h, j'étais libre comme l'air. Je profitais cependant de mon célibat pour visiter succinctement la ville où ma formation avait eu lieu. Jolie ville d'ailleurs. Et dès 15h, je filais vers une gare TGV où Lolita devait se rendre.

Un nouveau petit accroc m'a fait croire que cette ultime rencontre n'allait pas avoir lieu, mais vingt minutes plus tard je tombais à nouveau dans les bras de Lolita au milieu des voyageurs.

Je lui réservais une petite surprise en l'emmenant dans un photomaton pour y immortaliser cette énième rencontre. En principe les clichés y sont réalisés en quelques petites minutes, je crois que nous y sommes restés un bon quart d'heure ! Dommage, la photo en noir & blanc est sortie de piètre qualité. REMBOURSEZ !


Lolita attendait une invitée en provenance de la capitale. Je me suis éclipsé avant son arrivée. Pourtant - et je ne saurais l'expliquer - j'aurais aimé rester et observer de loin ; incognito ; la vie de Lolita avec les gens qu'elle aime. Observer ses sourires, sa bienveillance, tout ce que je connais déjà d’elle finalement.


J'ai repris la route après l'avoir longuement embrassée sur le parking de la gare. Je lui ai souhaité de passer de bonnes fêtes aussi. On ne se reverra que l'année prochaine. Et derrière mon volant, je lui ai lancé un dernier baiser à travers la vitre de ma voiture.


Nous quitter est insupportable. Mais nous n'en laissons rien paraître. Et un jour peut-être, quand on l’aura décidé, quand on sera prêt, on ne se quittera plus.

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