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La Merveille

J'ai une chance inouïe ; les voitures d'occasions sont beaucoup moins chères du côté de Lolita que du mien. Alors quand je dois investir dans un nouveau véhicule, je ne manque pas une occasion de lui rendre visite. Il faudrait peut-être même que je monte un business dans cette voie, on se verrait encore plus souvent !

Cette semaine, j'avisais Lolita quasiment au dernier moment de mon passage dans sa ville un après-midi. Un peu tard pour qu'elle puisse s'organiser de son côté, et moi me reposer après 36 heures sans dormir dans un vrai lit ; obligations professionnelles obligent. J'avais pourtant la possibilité de rester pour la nuit dans les bras de Lolita et je ne pouvais pas me priver de soumettre cette idée à Mon Amoureuse au cas où elle aurait - elle aussi - pu se libérer. Ce n'était pas le cas. Les éléments n'étaient pas réunis, nos étoiles n'étaient pas toutes alignées. Mais quoiqu'il en soit, nous ne concevions pas de nous retrouver si proches sans nous rencontrer ne serait-ce qu'une heure comme nous l'avions fait il y a quinze jours.

Et c'est vers les 16H30 que nous nous sommes donnés rendez-vous dans ce parc que je commence à bien situer sur une carte.

J'y suis arrivé le premier. Je suis descendu de mon nouveau véhicule pour me dégourdir les jambes, me délasser, m'étirer et me réveiller aussi un peu. Mais il faut croire que ça n'a pas fonctionné tout de suite car j'ai adressé un large sourire rempli de bonheur à un retraité au volant d'une voiture parfaitement identique à celle de Lolita, croyant que c'était mon amoureuse derrière le pare-brise. Que nenni ! Vous le croirez si vous le voulez, mais il a fait demi-tour et a quitté le parking du parc sur le champ. Ma Belle l'a même croisé quand ce fut son tour d'arriver au lieu de rendez-vous.

Elle garait sa voiture non loin de la mienne malgré une affluence comme je n'en avais pas encore vu ici. J'étais obligé de rester de l'autre côté de la route pour laisser passer les visiteurs. Puis quand le trafic se fut calmé, je suis allé la rejoindre entre deux véhicules pour l'embrasser en la serrant contre moi.

Et toujours cette même sensation dès que nos lèvres se touchent, une bulle virtuelle de protection se forme autour de nous, comme un voile opaque qui nous isolerait du monde extérieur.

Dès lors, j'ai l'impression que plus rien de grave ne peut m'arriver. Est-ce également le cas de Lolita ? Je le crois bien. On est tous les deux conscients qu'un jour où l'autre on se fera surprendre par une de nos connaissances. C'est un risque relativement mesuré que l'on prend, et qui n'est pas sans mettre un peu de piment dans notre relation.






Elle était une fois de plus magnifique. Une petite veste que n'aurait pas renié Jackie Kennedy par-dessus un body rose ; une jupe droite noire au-dessus des genoux, et de beaux escarpins ouverts où je pouvais admirer ses jolis orteils vernis de rouge en ces derniers jours de chaleurs automnales.

Et nous avions soif !

Lolita devait se présenter avec des boissons, mais ayant quitté son travail dans la précipitation pour me retrouver, il ne nous restait plus qu'à retourner du côté de la petite enseigne où nous avions déjeuné le mois précédent.

On reprenait nos voitures. Elle pour vite répondre à ses obligations familiales en fin d'après-midi, et moi pour terminer ma course et rentrer.

Après nous être garés l'un derrière l'autre, nous prenions possession d'une petite table carrée de bar en terrasse. Dès lors, je n'avais plus que Lolita à admirer, à choyer. Tenter de lui faire oublier ses tensions, ses migraines.

Malgré mon manque de sommeil, malgré sa lassitude d'une journée de travail éreintante, être tous les deux nous rend heureux, nous apaise, nous redonne de l'énergie. Nous en manquons beaucoup tous les deux pour affronter les sarcasmes de nos vies professionnelles difficiles, et nos vies de couples respectivement compliquées.

Tout en discutant de tout et de rien ; de choses futiles et parfois bien plus utiles ; j'ai osé prendre les mains de Lolita dans les miennes alors que je me sentais sale et puant. Je lui ai caressé les bras. Je lui ai caressé les genoux sous la table ; aux yeux de tous ! Je crois que parfois j'ai envie d'en rendre certains jaloux.

Je lui ai tendu mes lèvres qu'elle s'est empressée de venir embrasser.

Puis le garçon est venu nous apporter nos verres. En posant le Schweppes citron devant Lolita, il lançait :

"Pour La Merveille !"

À mon intention, un simple et élégant : "Pour le jeune homme".

Des mots gentils, simples, prononcés avec tact. Des mots qui signifient que Lolita est belle, qu'elle plait, qu'elle attire les regards. Des mots qui me rendent fière d'être son homme, qui me confortent dans l'idée que je me fais de sa personne. Non, l'amour ne rend pas aveugle. Lolita est pleine de charme. Elle irradie, magnétise, enchante, voire envoute ! Chic, coquette, et grâcieuse ; elle séduit les hommes aux yeux les plus aguerris. De ceux qui ne s'arrêtent pas aux plastiques artificielles, aux accoutrements vulgaires et aguicheurs, aux manques de classe.

Et de tout cela elle doute.

Pourtant quand elle se lève pour aller régler l'addition (oui, je me suis fait inviter) et que de mon côté je me régale de la voir s'éloigner toute en démarche sensuelle, j'observe également les regards alentours, et je m'amuse de voir certaines pupilles s'écarter, et entre hommes quelques messes-basses se créer.

Dommage, qu'il n'y ait pas eu d'autres femmes sur cette même terrasse, j'aurais aimé observer et constater si elles aussi avais le regard attiré vers "Ma Merveille". Des réactions similaires aux hommes m'auraient tout autant amusé. Excité même peut-être.

Le temps a filé. Bien trop vite comme à chaque rencontre.

Nous nous sommes éloignés de notre table pour rejoindre nos voitures. Il y avait un parapet à descendre. J'ai devancé Lolita pour le descendre d'un bon et me retourner vers elle afin de l'inviter à me sauter dans les bras plutôt que prendre le risque d'une entorse avec ses escarpins ou d'y laisser un talon de chaussure. Elle s'est exécutée. À la réception, je me suis pris à rêver que j'aurais pu partir à virevolter sans savoir où j'allais avec Lolita dans mes bras. Elle les jambes repliées, pointes d'escarpins vers le ciel, comme dans les scènes les plus romantiques des films à l'eau de roses ; et tous les deux des sourires radieux. Mais à vrai dire, je crois qu'on serait passés sous un bus. Et peut-être sa collègue de travail à l'intérieur !

On s'est quitté avec de longs baisers langoureux et des regards de braises. Et sitôt que Lolita eut quitté mon champ de vision, je me suis dit qu'il faudra quand même qu'un jour j'essuie mon gland gluant de foutre sur sa veste d'aristocrate.

Et puis il y a quand même un bon petit bout de temps que je ne lui ai pas passé son harnais, ses menottes, et que mes paumes ne se sont pas abattues sur son beau petit cul !

C'est bien beau le romantisme, mais une bonne baise de temps en temps, ça évite de tomber dans la routine ! Et ça, Lolita et moi, on sait très bien faire.


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